La commune, autrefois paroisse du Pellerin, s’étire le long de la rive gauche de la Loire sur une étendue de 16 kilomètres. D’une superficie de 3065 hectares, elle s’étend entre le fleuve et le sillon de Bouguenais qui la borde au midi et, à l’aval du fleuve jusqu’à a limite de Frossay, dans une suite d’îles et de prairies (Bois, Masses, Sardine, Belle île, etc…), toutes situées au couchant de la Martinière.
Légèrement ondulé au nord et plat au sud, le territoire du Pellerin,
première proéminence en bordure immédiate du fleuve remontant l’Océan, s’élève à 23 mètres d’altitude à la Bréhannerie. Baignée par la Loire, la commune du Pellerin est aussi arrosée par les modestes ruisseaux de Vièvre et de la Cochère.
Peregrino de l’an 1000
Le Pellerin, Pérégrino de l’an 1000 fut, à cette époque, le lieu d’un fief avec château dont il ne reste actuellement aucune trace, mis à part un colombier (actuellement dans la proporiété de Monsieur et Madame Terlain).
De Pontellum à Peregrinum
Pellerin, ce nom évoque de prime abord l’idée d’un lieu de passage d’étrangers, de voyageurs passant d’une contrée à une autre ; par la suite, il s’identifie avec celle du "pèlerin" allant vers un lieu de dévotion. Bien avant l’an mille et peut être dans des temps plus reculés, LePellerin était nommé "Pontellum", mot que Monsieur de Veillechèze nous dit venir du breton Pont Tellou ou pont des tailles, car il s’y percevait un droit de tonnage.
Mais n’y aurait-il pas eu en ce lieu un chemin de pèlerins bretons allant à Saint Jacques de Compostelle ?
L’existence sur le territoire du Pellerin, dès le XVème siècle, d’une aumônerie et d’un passage d’eau vient conforter cette hypothèse. En tout cas, de tous temps, cette route fut très fréquentée par les voyageurs venant franchir la Loire. Autrefois, le transbordement des passagers se faisait en barque, par un passeur à la solde du seigneur du lieu, auquel il devait transport gratuit pour lui, ses domestiques et sa suite. Les anciennes chartes donnent également à ce lieu le nom de "Peregrinum".
Avec l’établissement du christianisme, la création d’une communauté et l’implantation d’une église, on voit progressivement le nom de Pontellum s’orner de celui de sa patronne, "Sainte Marie". Et c’est ainsi qu’on vit apparaître Sainte Marie du Pontage ou Sainte Marie du Ponteau, ou encore Sainte Marie du Pellerin. Longtemps, on emploiera l’une ou l’autre appellation, la "civitas" romaine s’étant identifiée avec la paroisse.
Dans un titre de Marmoutiers de 1030, on lit : "Sancta Maria de Peregrino" ; dans une charte de l’évêque de Nantes, Quiriac, en date de 1064, il est fait mention de "l’ecclesia Sanctae Mariae de Pontello".
Pourtant, peu à peu le nom de Pellerin va l’emporter sur celui de Pontage. Au XIIème siècle, les pèlerins de Saint Jacques de Compostelle se faisant très nombreux, le passage est devenu chemin. Ne dit-on pas "Pontellum quod dicitur Perigrinum" ? L’ancien nom est oublié et l’appellation latine de Peregrinus que l’on décline "Perigrini, Peregrino" va s’imposer, pour devenir par la suite tout simplement "Le Pellerin".
Sous l’ancien régime, Le Pellerin était administrativement "la paroisse Notre Dame du Pellerin", la vie publique étant alors intimement liée à la vie de la paroisse. C’était au son de la cloche que se convoquaient puis se tenaient les assemblées des habitants dont le chef incontesté était le curé, plus souvent appelé recteur. Aux prônes des grand’messes, c’était le curé qui lisait les ordonnances et mandements royaux ; et c’est encore lui qui présidait aux naissances, mariages et décès dont il tenait registre.
A côté du curé, le conseil de Fabrique s’occupait de la gestion des biens de l’église et de la rentrée des dîmes. Pour l’égail des fouages et autres impôts, l’assemblée des habitants est informée de leur répartition et de la désignation des collecteurs à l’issue de la grand’ messe. Enfin, c’est à la sacristie que se tenait
le "général de la paroisse" : notables et autres principaux habitants y délibéraient en présence des marguilliers.
A la veille de la Révolution, Pierre Robin était curé du Pellerin depuis 1782. Il refusa de prêter serment… Des difficultés surgirent alors avec l’administration. Quittant sa paroisse, il suivra un temps l’armée de Charette, puis finira ses jours dans sa famille à la Chapelle-Basse Mer où il mourraen 1805.
Son vicaire Valton, qui lui succéda à la cure du Pellerin fut installé solennellement le 22 mai 1791, en présence de la force armée et de la nouvelle administration municipale.
Pendant la Révolution, les incendies provoqués par les deux parties en présence, anéantirent l’agglomération.
Avant d’être remodelés dans les années 1950 pour l’accostage des bateaux de pêche et plantés d’acacias, les quais du Pellerin étaient principalement destinés à recevoir les foins et les roseaux récoltés sur les prairies riveraines du fleuve.
Ainsi, l’animation du quai pendant la première moitié du XXème siècle fut, à part l’activité des pêcheurs s’occupant de leurs bateaux et de leurs filets, le passage du bac, les départs et les arrivées des Abeilles assurant le service des voyageurs vers Nantes ou Saint Nazaire. Puis les événements de la dernière guerre apportèrent à nouveau une modification importante du cours de la Loire en face du Pellerin. Les Allemands coulèrent neuf bateaux en face de la Télindière, le 10 août 1944.
Un nouveau chenal fut creusé entre Couëron et la commune dans la prairie Nord. Les déblais entourèrent les bâtiments coulés. La cuvette ainsi établie fut asséchée. Les bateaux furent récupérés ou, comme l’Antarktis, découpés sur place. Pour le reste, le chantier d’alors ressemblait à un atoll, d’où le nom de Bikini, donné à ce lieu par l’expression populaire, celui du plus célèbre atoll du moment où se faisaient les essais de bombe atomique américaine.
Actuellement encore, les quais du Pellerin font l’objet d’une réelle activité. Le passage du bac donne une animation ininterrompue. Mais la grande animation se produit surtout pendant la saison de la civelle avec, au matin, le retour à quai des pêcheurs pour la vente aux mareyeurs.